vendredi 9 mars 2012

Mes autres écrits...

C'était sa vie

 Il y a des destinées sans surprises, des vies calmes et ordinaires. Il y a des vies qui se poursuivent par la force de l'habitude des rebondissements, telle la vie des kangourous. Mais il y en a d’autres qui prolongent le supplice, qui tranchent le cœur avec un verre, qui déversent des douleurs en cascade, qui font tomber les larmes goutte à goutte et qui se brisent sur le désespoir. Des vies douloureusement nouées.Elle a fait des prières pour retenir les hirondelles et le printemps. Elle a prononcé des paroles que personne ne voulait écouter ni voir.
Elle n’a que ses mains et le fil des jours pour panser les blessures, démêler les soucis, repousser les soupirs de chaque rivage qui la torturent. Elle ne rêve plus d’une caresse, d’une tendresse ou d’une couverture contre la solitude.
Elle n’a d’autres joies, d’autres fêtes, d’autres lendemains que des blessures qui, lorsqu’elles ne saignent pas, brisent avec leur silence, le miroir de la vie qui attend. Elle porte les fragments de son destin entre ses mains et respire de sa peine. Elle maudit la nuit et veille jusqu’à l’aube sans savoir pourquoi. Elle écoute le soupir d’une flûte et ne rêve que lorsqu’elle est ivre. Elle refuse tous les reflets et les autres illusions. Elle redoute la lumière de l’aube et se méfie de sa promesse.
Elle ne s'est pas trompée de vie ni de route. Elle était le point final d'une histoire qui n'avait jamais commencé. Une vertèbre de sa vie s’est brisée dans le creux du silence. 




C’ était elle

Elle portait sur ses épaules une écharpe blanche et le poids du passé familial et national. Son visage ressemblait à un soleil qui pénètre l’âme avec une triste mélopée. Il était tendre, rempli de naïveté et d’honnêteté. Son regard était simple et beau comme un enfant qui court nu. Son sourire était comme une harmonie tranquille, une fragile note de musique qui nous rappelle une empreinte de tristesse égarée, sur une mer de sable incapable de résister à un vent de tendresse pour peu qu’il se déchaîne.
Elle prenait avec ses yeux la température de l’air du temps et le fragile fil de l’espoir sur lequel repose sa vie. Elle observait le dédale des ruelles sans nom, avec un regard immobile au milieu des va-et-vient du silence.
Autant de sentiments qui se bousculent, de questions qui se posent, de réponses qui se cherchent et qui viennent peupler la solitude, dans un ailleurs si différent des lieux où elle a vécu. Elle était comme un papillon blessé, allongé entre deux averses de pluie, qui regardait son ombre se défraîchir loin de lui. Un inconnu, jeté comme un mégot dans les poubelles de l'oubli. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, ni le monde qui l’entourait. Ce qu’elle disait, n'était jamais entendu, elle criait de toutes ses forces. L'écho était de nuage.



UNE IMPASSE DANS L'EXIL 
 
A chaque aube, au royaume de l'exil, l'incertitude commence. La lumière dévoile nos regards brisés. D'un pays à un autre nous nous déplaçons avec nos valises remplies d’incompréhension. Nous traversons des barbelés de haine au milieu de la nuit. Nous marchons avec une fatigue repérable dans le silence des villes. Sous le son du luth.
Malgré les vents contraires, nous avancerons avec un cœur qui bat et une ardente envie de liberté et nos rêves se dresseront comme un papillon blessé.
Les anges de l'éternel amour nous entourent, nous éclairent et nous ouvrent les portes du silence.

Au fond d'une pièce sombre et froide, une fenêtre est ouverte donnant la vue sur d'autres silences.
Un parfum d'une femme envahissant la pièce, nous rappelle une odeur absente. Une main, peinte sur un tableau accroché sur un mur de mensonges, nous tend des fleurs fanées. Une feuille nue sur un lit couvert de peur attend de se coupler avec les lettres.
Une plume ivre et des mots menottés se posent debout devant son lit regardant un homme loin de sa patrie pleurant à grands sanglots sa solitude dans les bras d'une femme exilée.




UN TAMIS D'ANGOISSES

Un amour guidé par l'errance, égaré par la prudence nous fait gravir des montagnes, descendre au fond de l’abîme, suivre un fleuve, traverser des vignes pour arriver à la mer. C’est à cet endroit qu’il disparaît, nous laissant qu'une rose comme souvenir. J’ai alors suspendu mon sommeil pour voyager la nuit. D’un verbe à un verbe, d’une syllabe à une autre. Je m’arrête et je souffre... J'entends une voix d'amour qui chante mes blessures. Au son de cette voix :

La lune crie
Les étoiles pleurent
Le ciel est en larmes

Elle me disait :
«Ne reste pas muet,
s’il neige sur tes nuits.
Il y a des lits sans rêves qui brûlent d’amour
sous le chant d'une pluie».

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AMEL SANS ESPOIR

Une nuit si elle est violée,
elle accouchera d'un monstre à l'aube.

C'était cette nuit...

où le vent de la haine et des cœurs corrompus
ont soufflé sur les toits des justes,
les toits des Âmes simples, des Âmes droites et pures.

Mes bras étaient chargés de fatigue et mes mains ne m'ont pas suivi pour l'arrêter...

Le réveil à l'aube du jour était glacial, sans amour.
Sa lumière était un suspense qui annonçait la tristesse du soir.

Je me souviens de cette nuit sombre, de ses étoiles épuisées par la douleur,
je me souviens des colombes fuyant les corbeaux.
Je me souviens de ton histoire et de ton talent...
Je me souviens du jour où tu les as conjugués.
Tu as choisi des rêves de géant pour dépasser le possible.

Ta mort est un parachute qui erre sur les tendres cieux

J'ai entendu ton âme murmurée comme une prière
comme un éveil de tendresse.
La mort t'a surpris en plein sommeil
pendant que tu rêvais d'amour.
Il est vrai que le temps d'un rêve est bien court!

Ton tombeau est étoilé de sueur des yeux,
ton cercueil est doré de sagesse, des mots pour tous les maux.

J'ai posé des précieuses graines de jasmin tunisien
venant du ciel profond sur ta tombe
pour fleurir ton Abîme.
C'est ta seule demeure. 



T'oublier est un abandon cruel...
Ne pas t'oublier est mon seul remède.

Mohammed Taoufik

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MOURIR POUR VIVRE

Il se peut que le ciel m’arrache à la mer, que la barque chavire et qu’ils trouvent mes vêtements. Alors dans la poche gauche prés du cœur, vous trouverez  des mots mouillés et des lettres qui tremblent.
« Je suis parti sans dire au revoir.  Je reconnais que c’est dur, mais  je n’avais aucun espoir.  Ce n’était pas facile pour moi, de vivre tous les jours pareil, J’ai fait un choix, seul à ma mère j’ai dit que c’était peut-être la dernière fois qu’on se verrait. J’ai vu son cœur saigné, je lui ai fait mal et cela malgré moi. C’était tellement dur que j’ai fini par partir sans lui dire au revoir, cela l’a sans doute fait souffrir. Mon père c’était  une autre histoire, il ne pouvait rien faire pour m’en empêcher, il savait que c’était trop tard, il n’était pas présent le jour de mon départ. Entouré de mes frères et sœurs, j’ai compris dans leurs regards que je suis leur seul espoir. Je ne peux plus reculer, je suis face à la mer, je ne suis pas le seul et cela m’exaspère. On pense tous à fuir un pays en état de guerre. Je ne pense plus à la traversée, je me dis dans quelques jours ou dans quelques heures, des malheurs je serai débarrassé. Cette nuit il y avait du brouillard et il faisait froid, le passeur s’est trompé d’endroit. Dans la barque ça hurle, ça panique. La mort est là, elle vient d’Afrique. On s’est jetés dans l’eau, on n’avait pas d’autre choix. Je vois des corps qui flottent autour de moi, je ne sais plus où je suis, mais je suis là. J’entends des sirènes, du bruit, et une langue que je ne comprends pas. Je vois des lumières, je comprends que je suis le seul survivant mais je ne parle pas. Je lève ma tête, je regarde le ciel. Oh, mon dieu ! Pourquoi ce monde est tant cruel ? Pourquoi les autres se contentent de regarder nos vies, comme un fait divers raconté dans une bouteille jetée à la mer.
Maintenant ne me renvoyez pas chez moi, je suis la voix des sans voix, ne m’étouffez pas.
Si je suis capable de mourir, c’est parce que je suis capable de vivre. Juste comprenez moi ».

Mohammed Taoufik

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