samedi 7 avril 2012

Ils ont aimé...

Sur FB, nous avons parfois tendance à échanger nos conneries respectives, considérant ce réseau, disons-le, comme une sorte de défouloir entre potes (réels ou virtuels). Mais il arrive parfois, qu’au détour d’un page, au bout d’un clic, derrière un portait, on découvre une info, une chronique, une actualité de nos écrivains… Hier soir, j’ai fait une découverte : il s’appelle Mohamed Taoufik : « Une vie sous le terrorisme », édité par l’Association pour l’Art et l’Expression Libres à Toulouse (2012). Les poèmes vont être bientôt publiés dans un recueil « des mots et des maux »
Mohamed Taoufik sont ses prénoms. Son nom de famille, il préfère le laisser à son père journaliste, décédé bien après les événements tragiques mais qui a été longtemps menacé pour sa plume et ses idées.
Dans un café du 9ème arrondissement, nous avons assisté à la présentation de son « jeune » livre avec lecture d’extraits et de quelques poèmes de son cru : Il est GENIAL…
Dans une langue simple, teintée d’algérianismes, il développe dans un discours profond, documenté, la genèse de son livre qui trouve son essence dans la transformation des rapports sociaux pendant les années appelées pudiquement de plomb. Il n’est donc point question d’une analyse politique mais plutôt d’une fiction construite sur un vécu avec laquelle il nous rapporte une tranche de temps à partir d’un regard de l’intérieur. Un bout d’Histoire qui, conjugué avec d’autres, peut servir à écrire la Grande. Tout part d’Oran, oui Wahran, cette ville fondée avant le Caire, et plus précisément d’un quartier populaire de Sardina. Une histoire parmi tant d’autres, dit-il, qui ne laisse aucune trêve à la femme.
Le regard, ni complaisant, ni acerbe, mais certainement cru, est en effet celui d’une femme, Amel, qui jongle avec la tragique nouvelle donne (le terrorisme naissant puis installé) qui se rajoute à la pesante tradition patriarcale, pour construire un semblant de vie, il nous entraine dans cette société où rien n’est simple, où chaque acte de la vie suppose une réflexion alambiquée, une vie qui se complique chaque jour davantage sous le poids de l’ordre nouveau installé dans les années 90… et … Non ! Non ! Non ! Je ne raconte rien, il faut acheter le livre !!! En plus il n’est pas cher…
La soirée a été agrémentée par la lecture des poèmes de cet écrivain en herbe : franchement une pure merveille ! Personnellement, je trouve qu’en termes de langue, ils sont plus travaillés que sa prose : une écriture d’une sensibilité et d’une force inouïe. Des poèmes qui mettent à nu, mais dans la décence absolue, une plaie qui ne se fermera jamais. L’écriture est inventive, construite finement… Bravo petchiiii… tu vas grandir…


Hedia Bensahli

C’est un petit livre surprenant que vient de publier Mohammed Taoufik. Touchant, beau, très bien écrit, souvent drôle, presque toujours tragique. Cette « vie sous le terrorisme », c’est la vie d’Amel, de sa sœur, de sa famille, dans la cité de la Sardina, à Oran. Une cité où l’eau se télécharge, tellement elle met de temps à arriver jusqu’au 10e étage. Le quotidien, le quartier, l’appartement : un triptyque étouffant qui est l’horizon d’Amel, l’espoir. Sur ce chaudron bouillonnant, le FIS vient y sceller une chape, morale cette fois.
Le terrorisme que nous décrit Taoufik n’est pas simplement incarné par tel ou tel groupe, tel imam radical, il s'immisce partout, dans les esprits, dans les comportements, dans la vie même. Il est accepté. Les gens du FIS offrent aux habitants « un passé sans fenêtre. A défaut d’avoir un avenir, ils retournaient dans le passé, c’était leur seule promenade du présent. » Ce passé, ils l’imposeront par le meurtre, ils l’imprimeront dans les corps, dans la chair de milliers de femmes, de la manière la plus abjecte.

Pourtant, l’oppression provoque toujours la réaction contraire, la résistance, l’étincelle. L’espoir, lui, est toujours présent ; au détour d’une rencontre, d’une conversation, d’une chanson de Khaled, ou d’un récit d’exil dans un pays où un noir découvre qu’il peut être beau aux yeux d’une blanche… C’est lui qui doit vaincre, à condition de ne pas se taire, de raconter ces années et ces crimes de guerre.

C’est par la parole, le cri, la poésie, que Mohammed Taoufik jette une lumière crue sur ce passé récent de l’Algérie, ce passé tu pendant des années. Ce n’est pas qu’une vie sous le terrorisme, le récit d’une mort ; c’est un commencement, celui d’une autre vie, de la vie.

Nicolas Combalbert

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Cet homme a su écrire les secrets de la vie de milliers de femmes. Des poids difficiles à porter, à partager ce qui pousse la plupart au silence.
Cet homme a su retranscrire les plaies mal cicatrisées grâce à des mots du réel, des mots simples mais qui en disent longs.
Cet homme c'est l'enfant d'Oran, l'enfant du pays qui s'exile à l'âge de 24 ans pour l'Hexagone.
Il est étudiant sans papiers, se retrouve au milieu d'étudiants à des millénaires de décalage de la vie d'où il venait.
Le combat, il l'a continué avec de nouveaux Camarades pour lutter contre les inégalités.
Lisez-le entre les lignes, vous retrouverez tous les messages de son combat.

L.B.